Beaucoup de fois, nous parlons des grandes entreprises technologiques comme une seule entité. Et bien qu’elles le soient d’une certaine manière, la réalité est qu’elles se font concurrence pour obtenir la plus grande part du gâteau. En d’autres termes, elles veulent toutes être numéro un : cela s’obtient en étant la plus valorisée en bourse.
Depuis 2011, Apple a été la plus grande entreprise du monde en termes de capitalisation boursière presque tous les jours, descendant parfois à la deuxième place. Lorsqu’elle a remporté le titre pour la première fois, Apple valait un peu moins de 340 milliards de dollars.
Le mois dernier, elle est devenue la première entreprise de l’histoire à atteindre une capitalisation boursière de 3 billions de dollars. La montée en puissance et la domination continue de l’entreprise ont été stimulées par l’innovation, un design élégant et une attention maniaque aux petits détails.
Un changement dans le monde des affaires à venir en 2024
Il est très probable qu’en 2024, Microsoft dépasse Apple en termes de capitalisation boursière et maintienne ce leadership dans un avenir proche. Et cela se fera en se basant sur l’innovation, tandis qu’Apple se contente de tirer profit d’une gamme de produits vieillissante pour obtenir des résultats finaux.
Il n’est pas un secret que le succès incroyable d’Apple repose sur la vision unique de Steve Jobs. Les produits les plus importants de l’entreprise, du Macintosh à l’iPod, l’iMac, le MacBook, l’iPhone et l’iPad, portent son empreinte unique. Ce n’est pas qu’il ait inventé de nouveaux produits à partir de zéro.
Le Mac, par exemple, est sorti sur le marché trois ans après le PC d’IBM. Et Microsoft avait déjà un système d’exploitation mobile appelé Pocket PC, puis Windows Mobile en 2003, quatre ans avant le lancement de l’iPhone.
Cependant, Steve Jobs a été capable de réinventer des produits existants, de reconnaître comment les gens voulaient les utiliser (même avant que les gens eux-mêmes ne le sachent). Les produits qu’il créait dépassaient leur fonctionnalité et étaient beaux à regarder, à toucher et à utiliser. On peut prendre n’importe lequel d’entre eux, pas nécessairement pour faire quelque chose, mais pour se délecter du plaisir de les utiliser.
Rarement on obtient du plaisir simplement en utilisant quelque chose créé par Microsoft. Windows Mobile, par exemple, était un système d’exploitation des plus ennuyeux. Fondamentalement, c’était une tentative de mettre Windows dans la poche, c’était désagréable et difficile à utiliser, et il ne permettait même pas de télécharger des applications.
Avec un logiciel amélioré et un matériel de première qualité, l’iPhone était tout ce que Windows Mobile n’était pas : un design élégant, quelque chose que vous ne pouviez pas attendre d’avoir entre vos mains et, une fois que vous l’aviez, quelque chose que vous ne pouviez pas arrêter d’utiliser.
Tim Cook a été un excellent berger de l’œuvre initiée par Jobs. C’est un technocrate classique, qui accroît l’efficacité, se tourne vers de nouveaux marchés et exploite jusqu’au dernier dollar possible les produits d’Apple. Mais il n’est pas un visionnaire. Sous sa direction, il n’y a pas eu de nouveaux produits innovants. Oui, il a lancé l’Apple Watch et les AirPods. Mais aucun d’entre eux n’a changé les règles du jeu. Aucun n’a transformé le monde de la technologie ni le monde lui-même, comme l’ont fait les produits de Steve Jobs.
Le visionnaire à la voix douce de Microsoft
Microsoft a suivi une trajectoire exactement opposée à celle d’Apple. L’entreprise s’est davantage appuyée sur le travail acharné que sur la vision. Dès le début, le fondateur Bill Gates s’est préoccupé de gagner autant d’argent que possible, le plus rapidement possible, plutôt que des idées révolutionnaires ou de l’élégance de ses produits.
Jobs a toujours eu une langue acide quand il s’agissait de Gates, surtout lorsqu’il a dit un jour : « Bill est fondamentalement peu imaginatif et n’a jamais inventé quoi que ce soit… Il a simplement copié de manière flagrante les idées des autres ».
Il y avait beaucoup de vérité en cela. Mais Steve Jobs reconnaissait également que Gates était probablement un homme d’affaires plus intelligent que lui, et il lui rendait hommage en disant : « Il ne savait pas grand-chose sur la technologie, mais il avait un instinct incroyable pour ce qui fonctionne ».
Le deuxième PDG de Microsoft, Steve Ballmer, se souciait encore moins des produits que Gates. Lui et Gates utilisaient Windows comme un outil puissant pour écraser les concurrents et gagner des parts de marché dans d’autres secteurs. Mais cela n’a fonctionné que pendant un certain temps.
Au final, avec Ballmer, Microsoft s’est stagné puis a sombré. La raison était simple : le monde l’a laissé derrière. Google a lancé un moteur de recherche et un navigateur, et Microsoft n’a pas pu rivaliser. Apple a créé l’iPhone et Microsoft n’a pas pu rivaliser. Sans produits innovants, elle se dirigeait vers un déclin long et inévitable.
Satya Nadella a assumé le poste de PDG en 2014 et tout a changé
Au début, Nadella semblait être un technocrate classique comme Tim Cook. Il a examiné de manière impartiale la gamme de produits de Microsoft et a éliminé les produits perdants, en particulier Windows Phone, le puits d’argent de l’entreprise. Il a reconnu que l’avenir était dans le cloud et a renforcé l’engagement envers les produits de l’entreprise basés sur le cloud, tout en faisant en sorte que des produits tels que Microsoft Office (pas Microsoft 365) soient basés sur le cloud.
Cela a fait le tour de l’entreprise. Mais cela ne suffit pas à lui seul pour faire de Microsoft la plus grande entreprise du monde. C’est là que Nadella, à la voix douce, a montré qu’il pouvait être aussi visionnaire que technocrate.
Il a reconnu que l’intelligence artificielle (IA) est l’avenir et a fait un gros pari dessus : 13 milliards de dollars d’investissements uniquement dans OpenAI. À terme, l’IA sera utilisée dans tous les produits de Microsoft, ceux qui existent aujourd’hui et ceux qui existeront dans le futur.
Selon une estimation, l’IA générera 12 billions de dollars en 2030. Microsoft, qui est actuellement le leader en IA et devrait maintenir sa domination, sera celui qui en tirera le plus de revenus.
Si nous combinons cela avec la présence importante de l’entreprise dans le cloud, il est probable qu’à un moment donné en 2024, elle dépassera Apple en tant que plus grande entreprise du monde en termes de capitalisation boursière.
Apple ne pourra pas l’atteindre à moins de sortir un produit innovant, ce qui est peu probable avec Cook. Parce qu’au final, dans le monde de la technologie, il s’agit plus de vision que d’efficacité.
